Les mythes familiaux : entre légende et réalité
- Cedric Aupetit

- 3 nov.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Chaque famille possède ses propres histoires, transmises de génération en génération comme un héritage invisible. Ces récits, que l'on appelle mythes familiaux, constituent le socle de notre identité et influencent profondément nos comportements, nos choix de vie et notre vision du monde.
Qu'est-ce qu'un mythe familial ?
Un mythe familial est un récit collectif, souvent idéalisé ou dramatisé, qui circule au sein d'une lignée. Il peut concerner un ancêtre héroïque, un secret de famille transformé en légende, ou une croyance partagée sur ce que signifie appartenir à ce clan. Contrairement aux faits historiques vérifiables, ces mythes mélangent réalité et interprétation, créant une narration qui sert des fonctions psychologiques et sociales précises.
Les fonctions psychologiques des mythes familiaux
Ces récits ne sont pas anodins. Ils remplissent plusieurs rôles essentiels dans la dynamique familiale. D'abord, ils créent un sentiment d'appartenance et renforcent la cohésion du groupe. Ensuite, ils transmettent des valeurs, des normes et des modèles de comportement. Un mythe sur l'arrière-grand-père entrepreneur peut ainsi inspirer l'esprit d'initiative chez les descendants.
Les mythes familiaux servent également à gérer l'anxiété collective. Face à des événements traumatiques ou inexpliqués, la famille construit un récit qui donne du sens et permet de surmonter l'épreuve. Parfois, ils protègent aussi des vérités trop douloureuses, comme les zones d'ombre que l'on préfère romancer plutôt qu'affronter.
Quand la légende s'éloigne de la réalité
Le problème survient lorsque ces mythes deviennent rigides et étouffants. Certains descendants se sentent obligés de perpétuer une image glorieuse, sacrifiant leurs propres aspirations pour rester fidèles à la légende familiale. D'autres portent le poids d'histoires dramatisées qui les enferment dans des schémas répétitifs.
La psychogénéalogie nous enseigne que ces mythes peuvent générer des loyautés invisibles. Un enfant peut inconsciemment reproduire l'échec professionnel d'un parent pour rester fidèle au mythe familial du "nous ne sommes pas faits pour réussir". À l'inverse, la pression de maintenir une réputation d'excellence peut créer anxiété et sentiment d'imposture.
Déconstruire les mythes pour se libérer
Le travail thérapeutique consiste à distinguer la part de vérité de la construction mythologique. Explorer son arbre généalogique, recueillir des témoignages contradictoires et confronter les versions officielles aux documents d'archives permet de démystifier ces récits.
Cette démarche n'a pas pour but de détruire l'histoire familiale, mais de la humaniser. Reconnaître que l'ancêtre héroïque avait aussi ses failles, ou que le "mouton noir" possédait des qualités ignorées, libère les descendants du poids des attentes irréalistes.
Créer de nouveaux récits
Comprendre les mythes familiaux ouvre la possibilité de réécrire son histoire personnelle. Vous n'êtes pas condamné à répéter les schémas du passé ni à vous conformer à une image imposée. En intégrant les parts d'ombre et de lumière de votre lignée, vous pouvez construire votre propre narration, authentique et libératrice.
Les mythes familiaux restent précieux lorsqu'ils inspirent sans emprisonner. L'enjeu est de les reconnaître pour ce qu'ils sont : des histoires façonnées par le temps, porteuses de sens mais non immuables, et surtout, de ne pas les laisser écrire votre vie à votre place.




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