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Différence entre secret, non-dit et mensonge familial : Démêler les silences qui façonnent nos vies

  • Photo du rédacteur: Cedric Aupetit
    Cedric Aupetit
  • 30 juil.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 5 jours


Différence entre secret, non-dit et mensonge familial : Démêler les silences qui façonnent nos vies
Différence entre secret, non-dit et mensonge familial : Démêler les silences qui façonnent nos vies

Dans chaque famille circulent des informations, mais aussi des silences. Ces zones d'ombre prennent différentes formes : secrets bien gardés, non-dits pesants ou mensonges délibérés. Comprendre ces distinctions est essentiel en psychogénéalogie et en thérapie familiale, car chacune de ces formes de silence impacte différemment les descendants.


Le secret familial : ce qui est caché intentionnellement


Le secret familial est une information consciemment dissimulée par un ou plusieurs membres de la famille. Il s'agit d'un choix délibéré de taire un fait : une adoption, une filiation cachée, un suicide maquillé, une maladie mentale, un crime ou un traumatisme honteux.


Les caractéristiques du secret :

  • Il est connu par au moins une personne qui décide activement de le cacher

  • Il vise à protéger la famille de la honte, du jugement ou de la souffrance

  • Il crée une division entre ceux qui savent et ceux qui ignorent

  • Il génère souvent une loyauté toxique et un poids psychique inconscient


Le secret fonctionne comme un fantôme familial. Même non verbalisé, il se transmet à travers les générations par des symptômes inexpliqués, des angoisses diffuses ou des comportements répétitifs. Anne Ancelin Schützenberger, pionnière de la psychogénéalogie, a démontré que ces secrets peuvent provoquer des dates anniversaires symptomatiques chez les descendants.


Le non-dit : ce dont on ne parle pas


Le non-dit est plus subtil. Il ne s'agit pas d'une information volontairement cachée, mais d'un sujet que personne n'aborde, souvent par pudeur, malaise ou incapacité émotionnelle. Les non-dits concernent fréquemment les émotions, les conflits latents ou les situations embarrassantes.


Exemples courants de non-dits :

  • Les tensions conjugales que les parents taisent devant les enfants

  • La dépression d'un grand-parent dont personne ne parle

  • Les difficultés financières passées sous silence

  • L'alcoolisme familial qu'on minimise sans l'évoquer vraiment


Le non-dit se distingue du secret par son absence d'intentionnalité malveillante. On ne cache pas activement, on évite simplement d'aborder certains sujets par gêne ou par conviction que "cela ne regarde personne". Pourtant, cette omission crée un climat d'incompréhension et peut générer chez les enfants des interprétations erronées qui influenceront leur construction identitaire.


Le mensonge familial : la déformation consciente de la réalité


Le mensonge familial va plus loin que le secret. Il ne s'agit plus seulement de taire, mais de travestir activement la vérité. On invente une version alternative des faits : le grand-père mort en héros alors qu'il a fui, l'oncle décédé "d'une crise cardiaque" alors qu'il s'est suicidé, l'enfant "adopté par choix" alors qu'il a été abandonné.


Les mécanismes du mensonge :

  • Il crée une réalité fictive que toute la famille doit maintenir

  • Il exige une surveillance constante pour éviter que la vérité n'éclate

  • Il génère une double contrainte : l'intuition perçoit la vérité mais le discours la nie

  • Il peut provoquer des troubles identitaires graves chez ceux qui sont trompés


Le mensonge familial est particulièrement toxique car il invalide le ressenti de celui qui le subit. Quand un enfant pressent une vérité différente mais qu'on lui répète un récit faux, il apprend à ne plus faire confiance à son intuition, ce qui peut engendrer anxiété et confusion identitaire.


Les conséquences transgénérationnelles


Qu'il s'agisse de secrets, de non-dits ou de mensonges, ces silences familiaux ne restent jamais sans effet. La psychogénéalogie montre que ce qui n'est pas verbalisé dans une génération peut se manifester sous forme de symptômes dans les suivantes : phobies inexpliquées, maladies psychosomatiques, échecs répétitifs ou syndromes d'anniversaire.


Le chemin de la libération passe par :

  • La verbalisation : mettre des mots sur ce qui a été tu

  • La reconstruction de l'histoire familiale authentique à travers le génogramme

  • L'acceptation que dévoiler ne signifie pas trahir

  • La thérapie familiale ou individuelle pour traiter les traumatismes révélés


Comprendre la différence entre secret, non-dit et mensonge permet de mieux appréhender son histoire familiale et de se libérer des loyautés invisibles qui entravent notre épanouissement personnel.

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